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Un tour en Touraine…


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Ce premier voyage fut surtout une période de rodage, pour les chevaux, la roulotte… et le meneur.

Avec le recul, je réalise que les premières semaines furent un vrai régal, je ne touchais plus terre. J'ai trouvé facilement à faire étapes, souvent chez des particuliers, notamment chez des amis de Catherine qui tient une épicerie bio à Sauzé-vaussais (79).

Après 2 ans de construction, je touchais enfin du doigt cette sensation de partir, tracté par des chevaux, tout en étant chez moi! Indescriptible… C'est grisant de pouvoir à la fois voir du pays tout en étant sous un toit, dépendant seulement de ce que la nature (et la société) met encore à disposition: de l'herbe, de la verdure, de l'énergie verte dans tout les sens du terme!



Je suis donc parti vers le nord, vu que tout les contacts qu'on m'avait donnés étaient dans cette direction… C'est dire si le but n'était pas une priorité mais bien plutôt le chemin (quelqu'un a déjà dit ça, non?), et d'autant plus que les amis de Fortuna Major devaient croiser ma route vers les bords de Loire. J'ai commencé par faire de petites étapes (5 à 10 km/jour). Les juments marchaient bien, avec Pomme un peu à la traîne comme à son habitude, mais le fait de s'éloigner à cette vitesse de leurs habitudes les a aidées à s'adapter. Carotte fut très inquiète de voir le flux de véhicules de la nationale qu'on venait de passer, bien après l'avoir traversée… sans aucun problème! Pomme elle, se mettait à hennir dès que j'étais hors de son champs de vision et inquiète également, si leur prés était hors de vue de la roulotte, ce qui arrive parfois.




Exoudun (79), fin mai 2006

Alors évidemment, j'ai fait beaucoup de rencontres, souvent courtes mais intenses. Je ne vais pas toutes les narrer ici, ça ferait vraiment une page à rallonge (et je ne suis parti que 3 mois…), mais les plus marquantes, pourquoi pas? Bon alors, allons-y!

Une des premières fut les «Petites Aubuges» sur la commune de Ste Solines (79), ancienne ferme abandonnée perdue au milieu d'un marais, restaurée et animée par 2 associations locales. Un lieu rare où le 220 v et l'eau courante n'existent pas (!) et pourtant, y a de la vie: concerts, spectacles et stages de restaurations du lieu, entre autres.

Rencontre du dynamique et passionnant maire d'Exoudun (79), qui m'a permis d'être engager pour le marché de Noël dans la commune voisine, La Mothe St Héray. Á Exoudun, j'ai pu faire une plus longue étape pour faire le point après une semaine sur la route et «réaliser» ce qui m'arrive…




Encore un peu plus au nord, au milieu de la forêt de Soudan vivent André et Frédérique également voyageurs, mais eux avec un cheval de bât et donc nous avons beaucoup échangé sur la façon de faire étape, trouver un coin d'herbe, enfin tout ce qui fait le sel du voyage avec un cheval… Ils sont notamment allés jusqu'en Pologne, elle pour l'aller et lui le retour! Bah oui! Et les chèvres, fallait bien s'en occuper. Ils font partie également d'une association, le CALC (CAvaliers au Long Cours), fondé en particulier par Emile Brager. Et grâce à ce réseau, j'ai aussi fait une très belle étape chez Christian Grassin, un relais équestre au milieu des champs du Poitou à perte de vue. Une fois de plus j'ai pu avoir du temps pour modifier, réparer quelques bricoles à droite à gauche sur la roulotte ou les harnais, ce qui est toujours bienvenu surtout quand on démarre, et tout seul en plus, il vaut mieux que tout baigne dans l'huile! Pomme a pu cotoyer là une toute jeune pouliche et elle qui est si gourmande d'ordinaire, le pré sec et terreux vu la météo, c'était le dernier de ces soucis…




Début juin, à la Mothe Bureau (86)

Á partir de là, j'ai commencé à vraiment rentrer dans le bain. Je suis parti de plus en plus tôt le matin à cause de la chaleur. Je me penchais un peu plus sur les cartes pour anticiper d'éventuels obstacles ou éviter des côtes, etc. Dans la Vienne, j'ai été chaleureusement accueilli par Michel et Valérie, encore des randonneurs à cheval, qui réaménagent une ferme en pleine campagne, au milieu de leurs animaux… Un autre petit paradis! Il y a des fois, j'avais vraiment envie de rester plus longtemps. Mais je pense que ces rencontres probablement sans lendemain ont cette qualité justement parce qu'elles sont éphémères. Combien de fois j'ai été surpris d'entendre quelqu'un me raconter des aspects de sa vie privée, comme ça, sans s'embarrasser, juste parce que je passais par là!



Jérusalem! Et oui, j'y suis allé! C'est un petit hameau entre Angliers et la Roche-Rigault (86)…! Un petit coin de fraîcheur cet été et surtout accueilli par la famille Verdier au complet ou presque ce dimanche là et… que dire, c'est comme si j'en avais fait partie! Un plaisir!
Si toutes les Jérusalem pouvaient être comme ça…




Champigny-sur-Veude (37), mi juin 2006

Champigny-sur-Veude, première étape en Indre et Loire et premier pépin: le temps que je rentre dans la mairie, Pomme et Carotte ont réussi à reculer l'attelage et se sont retrouvées avec le mord jusqu'au oreilles… plus de peur que de mal, mais la flèche de la remorque n'a pas apprécié! Heureusement, je venais de croiser Élisabeth et Christine qui m'ont mis en relation avec les employés communaux qui ont remis ça en ordre, vite fait, bien fait:



Du coup, je suis resté quelques jours et j'ai fait plus ample connaissance avec Élisabeth et Christine qui me parlent de leur intention de «partir» et comment en me rencontrant, elles se décident pour une roulotte… Mais, je ne m'attarde pas trop car le jour, les juments sont constamment agressées par les insectes du plan d'eau voisin. Entre temps, des manouches m'ont rendu visite, ils voulaient m'acheter la roulotte!



Il y a de plus en plus de châteaux et la Charente me semble vraiment loin. C'est en m'arrêtant près de l'un d'eux, à Villeperdue (37) que je rencontre le gardien qui me propose de m'installer derrière chez lui où l'herbe est très haute. Il loge avec sa famille dans une dépendance en pierres de taille, ancienne ferme encore, je découvre qu'il sont originaires de Picardie ce qui nous donne un bon sujet de conversation vu que j'ai grandi par là, même si je ne peux pas dire que je sois vraiment picard.


Arrivé à Reignac-sur-Indre, Carotte perd un fer postérieur dans un prés et impossible de remettre la main dessus (si je précise «postérieur» les connaisseurs sauront qu'avec un cheval de trait, même demi-trait, c'est du sport surtout quand on a pas l'habitude!) et je lui met donc un fer de secours avec une bonne suée, en attendant de voir un maréchal quelques jours après. Éric, mon ami de Fortuna Major, m'apprend au téléphone qu'ils ont décidé de venir à ma rencontre en camion avec caravane et aussi de continuer leur activité sans les chevaux. Sachant que c'est avec eux que j'ai décider de faire L'Escargoéland, ça m'a laissé pensif… Enfin la roue tourne, comme m'a dit Éric: je prend le relais.

Bref, je décide donc de revenir sur la Charente comme je suis attendu pour la fin juillet au Théâtre du Cheval Bavard. Je prends la route pour contourner Loches par l'est jusqu'à St Jean-St Germain où cette fois, c'est un gros pépin qui m'attend.


L'accident.


En attelage comme dans l'aviation les phases délicates sont au décollage et à l'atterrissage. Depuis plusieurs jours Pomme donnait de net signes de son mécontentement sur la route et notamment dans les côtes. Ce jour là, on passait des rives de l'Indrois à celles de L'Indre et il faisait toujours aussi chaud. La veille, j'avais rencontré Daniel un artisan du bâtiment qui finissait un chantier juste à coté de la roulotte et il m'avait proposé de faire étape chez lui.

J'arrivais donc au rendez-vous et je voyais bien que Pomme n'était pas dans son assiette. Donc je décide de dételler, comme je le fait depuis quelques jours, une par une, sauf que j'ai commencé par Pomme, la dominante, la râleuse mais aussi la plus calme. Bref, Carotte voyant la chef partir à voulu absolument la suivre, alors qu'elle était encore attelée!!! Je ne vous fait pas un dessin, le cauchemar du meneur: j'ai vu passer devant moi la roulotte hors de contrôle… les secondes sont très, très, très longues. L'environnement étant circonscrit à un jardin avec pas mal d'obstacles, elle n'est pas aller loin, mais je me demandais dans quel état j'allais retrouver le cheval et si ça n'était pas la fin du voyage. Et là aussi, plus de peur que de mal (quoique la peur, ça fait mal je trouve!) et surtout énoooooormément de chance: Carotte n'était plus attelée que par un mousqueton de trait, tête-bêche à la roulotte, abasourdie sous un arbre et sur un monceau de tuiles explosées, dans un trou de souris quoi, et je ne sais pas comment je l'ai sorti de là mais en tout cas elle avait juste une petite coupure sur un jarret postérieur… incroyable! Bon sang de bonsoir, quelle émotion. C'est le genre d'évènement qui laisse des traces.

Dieu merci, j'étais aussi dans la famille Boddart, des gens très généreux qui n'ont pas hésité à m'aider, m'emmener pour trouver de quoi réparer et m'héberger le temps nécessaire. Résultat, un tube pour le timon, une planche sur l'avant, une pièce de cuir et quelques mousquetons à changer, rien d'essentiel. Durant cette semaine, j'ai même eu les visites d'Élisabeth et Christine qui m'ont réconfortées et accompagnées le jour où j'ai fait les premiers tours de roue après réparation. Merci encore à elles.



Et puis je suis reparti, et je dois dire que j'avais hâte de rejoindre le Poitou où l'ambiance générale est plus propice au voyage en roulotte. Traversant plusieurs rivières et cours d'eau, le relief était vraiment de plus en plus varié et Pomme de plus en plus rétive.





Le 20 juillet, à Verrières (86), je fais une pause chez Jean-Charles un pompiste/garagiste qui se trouve être conseillé municipal, plutôt non-conformiste, et m'engage à m'installer près du plan d'eau de la commune. Le 25, arrivée à Bioussac, je reprend ma casquette d'homme d'image.



3 étoiles!

Quinze jours après, alors que la température est revenue à un niveau plus vivable, je boucle par la dernière étape jusqu'à Tessé et au 3/4 du chemin je décide de changer de chevaux, car vraiment Pomme, c'est pas sont truc, du moins c'est comme ça que je le vois à ce moment là…

Aujourd'hui Pomme et Carotte sont très occupées au Centre de Formation Agricole de Montmorillon (86) où elles apprennent à des stagiaires, l'attelage, la traction animale (labours, etc.) et le débardage du bois. Je suis passé les voir 2 mois après leur départ et elle se sont comportées avec moi comme si on s'était quitté la veille…





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